Art/Graphic Director, touche-à-tout passionné par la communication et de la création graphique sous toutes ses formes, je m'installe à Paris en 2009. Je travaille dans les univers de la beauté (cosmétique, parfumerie, bijouterie), mais pas que… Art/Graphic Director, je réalise pour des particuliers et des entreprises des identités visuelles, des éléments de communication, des photoshoot et du conseil avec leur déploiement à 360°. Parallèlement à ça, j'occupe mon temps entre la peinture, l'écriture et surtout la photographie.

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Aujourd’hui, je m’essaie à un nouveau style de contenu : la critique de films. Quitte à être en quarantaine et bloqué chez soit, autant donner son avis et des conseils de visionnages en testant un nouveau format d’article, non ?

 

J’ai donc regardé un film qui m’a été chaudement recommandé : “The thing about Harry” (Le truc à propos d’Harry). Passé le choc de la non-majuscule à un nom propre sur l’affiche, j’ai lancé le film. En anglais. Puis en anglais sous-titré anglais. Le personnage d’Harry a une forte tendance à ne pas articuler. (Par contre je tuerais pour avoir une voix pareille. Grave et profonde, avec du grain, vibrante et chaude.)

Et me voilà lancé.
Il s’agit donc d’une comédie romantique gay, un style qui commence à acquérir ses lettres de noblesses. On est loin des films du genre du début des années 2000, mal montés, mal filmés et pleins de clichés. Car ici la première chose que l’on remarque, c’est que le réalisateur-producteur-scénariste Peter Paige (qui s’offre aussi un petit rôle), essaie de casser les clichés.
Et il échoue lamentablement.
Les personnages sont écrits grossièrement et sans subtilité.


D’un côté, on a Sam (Jake Borelli) : il est timide, coincé et difficile. On va donc l’affubler d’une raie sur le côté, de polos, des chemises fermées jusqu’en haut et de cols roulés, même dans les soirées ou les bars. On va le faire s’assoir très très droit et le faire engager en politique. Pourquoi ? On apprend dès les premières minutes que le bonhomme a fait son coming-out dès le lycée, quitte à en souffrir. Quelqu’un qui à le courage de ça, ne passe pas sa vie à cacher son cou.




De son côté, Harry (Niko Terho) : il est assumé, hyper sexuel et sexualisé, jovial et séducteur. On va donc le mettre tout le temps en débardeur pour montrer son corps musclé, même lorsqu’il neige. Car oui, si c’est un tombeur, en plus d’être mignon, il est musclé : la panoplie est complète. Et évidemment, comme à l’époque il n’assumait pas d’être pansexuel, c’était le persécuteur de Sam au lycée. La base.



Et bien sûr, Stasia (Britt Baron) : la meilleure amie, fille à pédé hétérosexuelle. On va lui mettre les cheveux violets et un caractère bien trempé. Désabusé et cash, elle est, évidemment, le meilleur personnage du film.


En fait, c’est là que c’est marrant : on n’est pas dans les clichés gays, avec le “masc-for-masc” et la “folle”, ou l’assumé et le refoulé. Ce n’est pas tant dans ces clichés que tombe Peter Paige. Mais dans les clichés des comédies romantiques en générale. Et finalement, c’est plutôt une bonne chose. Le côté gay du film passe très vite au second plan, et on se surprend à regarder un film comme il y en a des centaines : une comédie romantique lambda. On retrouve les mêmes mécaniques classiques. Après 10 minutes de film, on connaît le dénouement : deux personnes, qui ne s’aiment pas, puis s’apprécient, puis un des deux fout tout en l’air, puis finalement, il fait amende honorable, et nous avons une happy end.
Classique. Imparable.

 

De manière générale, on adore ce genre de films. Ou on adore détester, cela dépend. Quoi qu’il en soit, on ne regarde pas pour le scénario, on regarde pour les situations. Comment le réalisateur va raconter cette histoire que l’on connaît tous, comment il va articuler l’ensemble pour le rendre intéressant malgré tout.
Et clairement, les deux premiers tiers du film sont une catastrophe. La réalisation est classique mais la photographie est belle. Il y a un vrai budget, et là aussi, c’est plutôt agréable de ne pas voir une comédie romantique gay qui semble filmée avec un 3310. Par contre les acteurs sur-jouent légèrement (un classique) et ont des réactions parfois cartoonesques. Je ne compte même plus le nombre de fois où Sam voit Harry (qui le voit), et fait volte-face en voulant partir.
Mec, on t’a vu. Tout le monde t’a vu. Alors tu fais comme toute personne normale : tu y vas, tu souris poliment, tu dis bonjour, tu attends 10 minutes et tu trouves une excuse pour partir. Dans l’ensemble, les situations et les dialogues sont sans subtilité et parfois caricaturaux…

En fait, c’est ça qui est agaçant dans ce genre de film. On sait pertinemment que dans la vraie vie, ça ne fonctionnerait pas. Pas comme ça, pas de cette façon. Et c’est d’autant plus pénible que l’on rêve tous de vivre ce genre d’histoire. Et on passe tout le film à se crisper sur les réactions des personnages. C’est moins vrai avec des films comme Bridget Jones qui jouent vraiment la carte de la comédie burlesque et des quiproquos. Parce qu’en vrai, personne ne rêve de rencontrer une Bridget ou un Mark Darcy. Alors qu’ici, on rêve tous d’avoir un Harry dans sa vie.

Mais je dois avouer que si le début m’a crispé, le dernier tiers m’a cueillit. Le twist tant attendu est traité de façon assez original et le tandem Sam-Harry est de plus en plus mignon au fur et à mesure.
J’essaie de ne pas trop en dire, mais ça a vraiment rattrapé le film. Les personnages prennent soudain en épaisseur et en subtilité. Le discours général du film prend du sens et de la profondeur. Car ici, tout est question de la peur de souffrir. L’un se voile la face car il suppose qu’il aura le cœur brisé, l’autre se convainc qu’il peut se contenter d’être ami car il ne veut pas sortir de la vie de l’autre. Une situation de statu quo en équilibre précaire où l’on se surprend à retenir son souffle, en attendant que celle-ci bascule. Parce que, c’est évident, ce genre de relation ne peut pas tenir sur le long terme. Et bien sûr, si dans la vraie vie, cela se finira dans les pleurs et l’alcool, ici tout se finit bien. Et finalement, ce n’est pas ça que l’on recherche dans ce genre de film ?

Le film réussit donc l’exploit de passer de personnages crispants et caricaturaux, à des personnages touchants et terriblement humain. Le jeu des acteurs semble par ailleurs s’améliorer au fur et à mesure du film. (Sauf pour Jake Borelli qui est décidément incapable de jouer le réveil…)

Ça n’en fait pas un grand film, mais au moins un bon, qui ne déçoit pas. Et, c’est assez rare pour le dire, un comédie romantique gay où l’homosexualité n’est pas le sujet. Cet aspect passe vraiment au second plan, et le film devrait plaire à tout le monde, homme ou femme, hétéro ou gay. Enfin, du moins à tous ceux qui aiment les comédies romantiques de façon générale. Un bémol quand même pour la fin où une scène à lieu, dont je croyais que le cliché avait été interdit depuis Love Actually… mais une fois de plus, il ne faut pas trop en dire.

 

Finalement, contrairement à ce que j’ai cru en le commençant, je vous le recommande ! C’est une comédie romantique légère qui donne envie de tomber amoureux et d’être heureux. Parfait par les temps qui court ! (Et du coup, si vous êtes célibataire, prévoyez le coup de blues…)

Jean-Côme

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