Art/Graphic Director, touche-à-tout passionné par la communication et de la création graphique sous toutes ses formes, je m'installe à Paris en 2009. Je travaille dans les univers de la beauté (cosmétique, parfumerie, bijouterie), mais pas que… Art/Graphic Director, je réalise pour des particuliers et des entreprises des identités visuelles, des éléments de communication, des photoshoot et du conseil avec leur déploiement à 360°. Parallèlement à ça, j'occupe mon temps entre la peinture, l'écriture et surtout la photographie.

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  • Kiki de Montparnasse : l’âme du Paris des années folles

Vous croyez ne pas la connaître ? Et pourtant, vous l’avez déjà vu. Ce modèle —que disé-je, cette muse !— du Paris artistique des années 20, a été peinte et photographiée par tout le monde ! Je n’ai qu’une photo à vous montrer pour que vous la reconnaissiez :

Kiki de Montparnasse par Man Ray
Kiki de Montparnasse par Man Ray, la fameuse photo “Le violon d’Ingres”, 1924.

Vous voyez, vous la connaissez ! Alors, qui est-elle ? Je vous présente Kiki, la Reine de Montparnasse !

 

Mini-bio

Comme pour toute les bonnes histoires, “rien ne prédisposait Alice à marquer son temps“. La légende de sa naissance est similaire à celle d’Edith Piaf : elle naquit le 2 octobre 1901, à Châtillon-sur-Seine (21), en pleine rue. Si Edith Piaf, ce n’est qu’une légende, et que l’on retrouve son acte de naissance à l’hôpital Tenon, la naissance d’Alice Ernestine Prin est moins documentée… naissance sur le trottoir donc ? Possible. Une chose est sûre, sa naissance hors mariage fait jaser (son père, marchand de bois et de charbon abandonne la mère et la fille à sa naissance), et sa mère fuit à Paris, à la recherche d’un avenir meilleur.
Élevée par sa grand-mère, Alise rejoint sa mère à Paris à l’âge de 12 ans, en 1913.

Retirée de l’école à 13 ans, elle devient apprenti linotypiste auprès de sa mère, et enchaîne les petits boulots : brocheuse, fleuriste, cireuse de bottes, laveuse de bouteilles chez Félix Potin, visseuse d’ailes d’avion…

Finalement, à 15 ans, elle devient bonne à tout faire chez une boulangère, place Saint-Georges, dans le 9ᵉ arrondissement de Paris. Subissant une maltraitance, mais au tempérament bien trempé, elle se rebelle et est mise à la porte. Pour vivre, elle devient alors modèle nu pour un sculpteur.
Drame, violente dispute, incompréhension : sa mère l’expulse de chez elle en plein hiver ! Mais elle a commencé à se faire un certain réseau dans le milieu artistique, et elle est recueillie par le peintre Chaïm Soutine.

C’est le début de sa vie de muse. En 1918, elle s’installe avec le peintre juif polonais Maurice Mendjizki. Elle devient un modèle pour toute la scène artistique du Paris des années folles. Elle est immortalisée par les peintres Amedeo Modigliani, Tsugouharu Foujita, Moïse Kisling En 1921, elle se met en couple avec le photographe Man Ray, qui a fait la fameuse photo ci-dessus. Elle fréquente alors les “dadas“, un courant intellectuel, littéraire et artistique qui remet en cause toutes les conventions et contraintes idéologiques, esthétique et politique de l’époque ; mais également les surréalistes Louis Aragon, André Breton, Paul Éluard, Max Ernst et Philippe Soupault.

Bref : tout le monde peint, dessine, sculpte Alice, qui a prit le surnom de Kiki. “Kiki de Montparnasse” est née ! Elle-même deviendra peintre et exposera régulièrement ses toiles dans les galeries parisiennes… mais n’aimant pas trop son style, je ne vais pas m’étendre sur ce sujet ici.

En 1923, le premier club ouvre à Montparnasse, “Le Jockey”. On peut alors faire la fête, danser et boire toute la nuit ! Kiki devient la coqueluche du lieu et de la vie nocturne du Paris de Montparnasse, à une époque où chaque quartier avait sa propre vie, sa propre âme, ses propres vedettes. Le Paris de Montparnasse n’est pas le même de Montmartre, qui n’est pas le même que le Quartier Latin ! Et Kiki rayonne : elle chante dans les cabarets et les clubs, des chansons populaires et grivoises. Elle était connue pour faire souvent la roue… et ne porter jamais de culotte !

En 1929, elle se met avec le journaliste Henri Borca qui fonde le magazine Paris-Montparnasse. C’est dans ce magazine qui paraît pour la première fois les écrits de Kiki sur sa vie, qui publiera ensuite “Les souvenirs de Kiki”. Malgré une préface d’Hemingway (rien que ça !), le livre, jugé scabreux, est censuré aux États-Unis ! En France, c’est évidemment un succès.

À cette époque, elle est élue, Reine de Montparnasse, et elle règne sur toute la scène artistique du Paris des années folles !

Réunion d’artistes autour de Kiki de Montparnasse
On peut reconnaître de gauche à droite : Florent Fels (?), Hermine David, Blaise Cendrars, Kiki, Adolphe Basler et son épouse, Jeanne Hébuterne, André Breton et Paul Eluard au premier plan.

Une trace indélébile dans l’histoire de l’art

Avec une présence continue sur la scène artistique, Kiki a été immortalisée par de nombreux artistes, la rendant incontournable. Sans le savoir, on connaît tou·te·s plusieurs représentations d’elle, sans forcément savoir qu’il s’agit de cette femme qui a sut séduire, par son physique et son esprit, femmes et hommes de son temps.

Je vous propose une petite galerie :

Une fin prématurée et solitaire

Sa mère, puis Henry Broca sombrent dans la folie. Derrière les paillettes, Kiki chante et fait le spectacle dans les boîtes de nuit pour payer les soins médicaux. Dans les années 30, elle devient meneuse de revue, sa carrière est à son sommet. En 1936, les excès l’amènent à peser dans les 80 kg. Raillée par la presse, elle revient à 57 kg, et sa carrière n’est pas entachée, toujours modèle et chanteuse. À tel point qu’en 1937, elle ouvre son propre établissement, rue Vavin. En décembre 1942, elle fait également sa rentrée au Jockey, où elle se produira jusqu’en juillet 1943.

Cependant, les années d’excès en tout genre se font payer. Devenant la caricature d’elle-même, elle essaie de s’en sortir et écrira même son second livre de mémoire “Souvenirs retrouvés”. Celui-ci ne sera publié qu’en 2005…
Elle décède, peu de temps après être sorti d’une cure de désintoxication, en 1953, à l’hôpital Laennec de Paris. Elle sera inhumée au cimetière parisien de Thiais, où, seul, inconsolable, assistera Léonard Foujita : Paris-la-cruelle est déjà passée à autre chose. Les années folles sont loin. Mais Kiki est devenue éternelle, trônant dans les musées du monde entier, devenant une des inconnues les plus célèbres du monde.

Notons d’ailleurs qu’elle inspire toujours les artistes. En 2007, une BD retraçant sa vie sort et gagne plusieurs prix dont celui d’Angoulême. En 2012, elle est la personnage principale d’un court-métrage d’animation qui obtient le César du Meilleur Court Métrage en 2014 (Mademoiselle Kiki et les Montparnos d’Amélie Harrault). Des peintres continues également de s’en inspirer, comme le montre cette œuvre de Gabriel Donelli, datant de 2016

Gabriele Donelli-kiki-2016
Kiki de Montparnasse par Gabriele Donelli – 2016









Jean-Côme

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