Art/Graphic Director, touche-à-tout passionné par la communication et de la création graphique sous toutes ses formes, je m'installe à Paris en 2009. Je travaille dans les univers de la beauté (cosmétique, parfumerie, bijouterie), mais pas que… Art/Graphic Director, je réalise pour des particuliers et des entreprises des identités visuelles, des éléments de communication, des photoshoot et du conseil avec leur déploiement à 360°. Parallèlement à ça, j'occupe mon temps entre la peinture, l'écriture et surtout la photographie.

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La vieillesse est un naufrage disait l’autre.

C’est sans doute vrai.

C’est sûrement vrai.

C’est vrai…

On la redoute cette vieillesse. Ce temps qui fait de notre vie un radeau de la méduse, au corps en ruine, aux souvenirs en lambeau, aux amis valétudinaires. Notre vie prend l’eau, notre santé coule, on se noie dans ses propres fluides.

Nos corps Marmoréens, sculptés par le sport et la Jeunesse, gisent depuis longtemps au fond de l’eau, hantés par les sirènes du passé.

Les soirées alcoolisées, les fêtes dansantes, les levers de soleil qui surprennent nos nuits, ne sont plus que de vagues échos dont la sensation est depuis longtemps oubliée.

La vieillesse est un naufrage.

Et la jeunesse ? La jeunesse serait donc une croisière, sur une mer parfois d’huile, parfois houleuse. Des tempêtes, du soleil, des camarades de pont avec qui on lustre ses histoires. La vie ne serait donc pas une pute, mais un navire ? Voguant sur l’océan de la vie ? Voué à finir naufragé, balayé, broyé par les vagues du temps ?

Peut-être.

Et pourtant, parfois, je pense : “j’ai hâte d’être vieux.”

Être vieux, vraiment vieux, comment cela peut être ? Difficile de se projeter. Dans quel état sera mon corps, où serais-je, avec qui serais-je, aurais-je encore seulement conscience de qui je suis ?

Il faudrait partir du principe que j’aurais une retraite suffisante pour financer un bon EHPAD. C’est réellement la seule chose que je redoute avec la vieillesse : la pauvreté.

La vieillesse est une ruine, bien plus qu’un naufrage. Et en tant que ruine, on nous visite de temps en temps, on coûte cher à entretenir et on figure un passé lointain que les plus jeunes ont oublié.

Et pourtant. Je le redis, parfois, je me surprends à avoir hâte.

De par nature, je ne suis pas forcément contre l’idée de rester tout seul des heures durant, se perdant dans les méandres de mon propre esprit (si tant est qu’il fonctionne encore a peu pré convenablement). C’est même quelque chose que j’affectionne. Me faire dessus et laver par une personne m’ennuient davantage. Mais une fois l’étape franchit, bon, soit, c’est leur métier. Je n’ai plus rien à leur prouver ni à me prouver. Alors d’accord. L’ennui deviendra mon pire ennemi, plus forcément capable de lire ou d’entendre.

Mais la vieillesse, c’est aussi se lever chaque matin, en n’ayant plus à se préoccuper de son apparence, ni de son travail. On a juste à vivre, pour la première fois de sa vie, pleinement et que pour soi. Paradoxalement, cela arrive alors que la vie se fait difficile, que les voiles s’affaissent et que le vent ne nous pousse plus en avant. La liberté de parcourir, sans contrainte, cet océan, arrive alors que le voyage s’écrit de son chapitre final.

Vous allez me dire qu’il y a un juste-milieu : la retraite. L’océan est encore suffisamment vaste et le navire est encore convenablement vaillant. C’est vrai que c’est peut-être ça que j’attends vraiment. La retraite. Cet horizon si lointain, que le temps et les politiques ont tendance à repousser comme une légende plutôt qu’une escale atteignable.

Mais à la retraite, on est libre de voguer où l’on veut, mais il nous manque un cap à franchir. Celui où l’on se lève pour nous laisser nous asseoir, celui où on peut librement être odieux, celui où l’on devient touchant lorsqu’on marche lentement dans la rue.

Avec un navire un vaillant, il y a encore la pression de devoir accomplir quelque chose.

Alors qu’avec la vraie vieillesse, on n’a plus la pression de devoir réaliser quoi que ce soit. Même ses rêves. Nos yeux bleuis ne les voient plus convenablement. Et s’ils brillent encore dans un coin de notre esprit, c’est d’un éclat falot. Ils n’ont plus l’éclat qui nous permettait de nous guider dans ce vaste océan vers l’avenir. On y pense et on laisse le bateau dériver. Ils ne sont plus atteignables. Étoiles devenues mirages, rêves devenus regrets.

J’ai hâte d’être vieux, car je veux avoir le temps de faire tout ce que je veux, sans pression ni physique, ni amoureuse, ni sociale, ni financière.

Je hâte d’être vieux, car je ne veux plus avoir la pression d’avoir du temps pour réaliser quoi que ce soit.

J’ai hâte d’être vieux pour être tranquille.

J’ai peur d’être vieux.

Jean-Côme

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