Art/Graphic Director, touche-à-tout passionné par la communication et de la création graphique sous toutes ses formes, je m'installe à Paris en 2009. Je travaille dans les univers de la beauté (cosmétique, parfumerie, bijouterie), mais pas que… Art/Graphic Director, je réalise pour des particuliers et des entreprises des identités visuelles, des éléments de communication, des photoshoot et du conseil avec leur déploiement à 360°. Parallèlement à ça, j'occupe mon temps entre la peinture, l'écriture et surtout la photographie.

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Ça t'inspire quoi ?

Cette semaine, j’ai eu l’honneur de participer à l’exposition collaborative “Ça t’inspire quoi ?”, une première pour ce concept qui tend à s’inscrire sur le long terme.

 

Le concept d’une rencontre

Car avant tout, ce projet est une rencontre. Mais aussi, la volonté de rencontres.

J’ai été approché par Louis Olive, il y a quelques mois. Celui-ci avait une idée : il c’était aperçu que, selon les personnes regardant une photo, les interprétations sont multiples. Pourtant, pour lui, une photo fige un instant et un moment dans le temps. Elle ne prête pas à interprétation. Et pourtant. Que personne n’y voit la même chose le fascine.

Une image vaut mille mots, paraît-il. Alors l’idée lui est venue de demander à des autrices et auteurs, d’écrire mille mots sur une image. Ou plutôt, d’écrire une nouvelle à partir d’une série de photos. Et c’est là que je rentre en jeu : Louis souhaitait que je réalise la série de six photos qui allait servir de support à son projet.

Six photos

Le brief était clair :
– six clichés,
– un couple (ami·e·s, amants, colocataires, fratries… ?)
– le plus neutre possible (pour laisser un maximum d’espaces aux aut·rice·eur·s),
– une tonalité douce,
– des photos du quotidien et variées (un moment de complicité, une engueulade, une promenade dans Paris, un projet commun, et deux laissées à mon choix),
– des photos où le photographe est invisible.

C’est ainsi que naquit cette série de photos :

Des personnages à la fois très proches, mais aussi toujours séparés. Soit physiquement, soit symboliquement. Une échelle, un contre-plan, un mur rouge et un autre blanc, etc.
Dans les photos où j’étais libre, les deux dernières de cette série, je voulais faire des portraits que d’un seul des personnages, mais le brief obligé d’avoir les deux sur les photos. J’ai donc accentué cette séparation en jouant sur la profondeur de champ : à deux, mais seul, évoluant chacun dans leur espace.
La seule photo où les deux sont sur le même plan, physique et symbolique, est celui de l’ordinateur.

Le but étant toujours le même : laisser un maximum d’espace d’interprétation aux aut·rice·eur·s.

 

Cinq visions

À partir de là, ma partie était finie.

Les photos furent transmises, sans ordre ni explication. Les autrices et auteurs y posèrent leurs visions.

Les participants sont :
– Raquel Hab, autrice de la trilogie des jours parue aux éditions BMR,
– Quentin Kentu, auteur d’un roman en phase de parution,
– Claudia, co-fondatrice du Self Love Project,
– Iris Chapuis, autrice de “Les lavandes ne fleurissent pas en Alaska” paru aux éditions Sydney Laurent,
– Sarah Larguier, artiste touche-à-tout dont je vous invite à découvrir ses œuvres sur instagram.

Les styles sont divers, les histoires se frôlent, mais jamais ne se rencontrent. Poétique, synthétique, explorative : ils ont tous développé une histoire différente, dans leur univers. Les nouvelles sont inégales, mais toutes méritent d’être lu. Ils ont vu le début d’une belle histoire, mais aussi la fin d’une belle histoire. Une rencontre prédestinée, mais aussi une rencontre calculée.

Un grain de folie ici, une graine de romance là.

Ma favorite ? Celle de Claudia, qui joue à merveille avec les oxymores, avec une grande délicatesse et un sens de la poésie délicate.

Je vous invite à la lire :

Arpentant les ruelles pavées, le chant de leurs talons accompagnant chacun de leurs pas ; ils s’ouvraient à la vie avec avidité. Une rencontre amorcée à la lumière bleutée d’un écran, déversant, slides après slides, des informations trop souvent absurdes. Furtivement, des doigts qui s’effleurent. Doucement, des genoux qui se touchent. Chaque contact électrise leurs êtres, et ravive des sensations longtemps oubliées.

Bourdonnement incessant. Celui de leurs cœurs, qui, se voyant enfin, entre en collision. La vibration intense, aussi forte que lorsque l’on se cogne la tête contre un mur. Ça résonne. Ça tire. Négociation de deux individualités qui tentent de s’apprivoiser. Et la vie se pare de mille couleurs. Rougeoiement éclatant. Vert profond. Jaune pétillant. Chaque émotion semble prendre forme et s’incarner.

Caresse du quotidien, qui pourtant parfois, amoche. Voir amochit, si le flow de la routine ne se transforme pas en rituel, si la vaisselle qui s’entasse ne devient pas un nouveau territoire à conquérir. Et la lumière bleutée de l’écran, tel le fil rouge d’une histoire qui peine à survivre ; inonde chaque soirée. Ce qui un jour rassembla, devient source d’errance.

Dangereuse amertume. De celle qui s’installe peu à peu. Qu’on n’ose pas dire, qu’on préfère taire. Qui brûle de l‘intérieur chaque fibre d’un amour qu'on croyait pourtant solide. On tente de la déguiser, par des sorties, par des rires. Mais aucun sourire ne parvient à amoindrir sa force. Dans le silence qui s’installe, la distance grandit. Parfois, une conversation arrive, et perce la baudruche. Elle répand sa rivière d’incompréhensions, de critiques et de frustrations, qui s’évapore alors doucement. Et trop souvent, celle-ci se remplit à nouveau. De mots qui claquent, de mots qui piquent. Jusqu'à écœurement.

Étincelle perdue. Celle qu’on cherchait avidement n’est plus. On regarde à gauche, à droite, dans l’espoir de la faire apparaître à nouveau. De sentir ce pétillement, cet envol. Oubliant qu’il ne suffit pas d’y penser pour qu’elle renaisse. Fantomatique espérance, qui fige chacun d’un côté du pont effondré. Se défiant du regard, pour camoufler la peine qui enfle. Il faudrait plonger, cœur en avant, pour espérer retisser le lien. Mais chacun attend de l’autre un signe, qu’il ne saura voir, trop absorbé par la contemplation de son gouffre intérieur.

Finalité suspendue. Les mots se bloquent. Le doute étreint. Le bruit métallique de clés qu’on dépose sur la table, un peu trop fort. Sursaut. Soubresaut des cœurs qui s’appellent sans plus se trouver. Vêtus de noir, c’est comme s’ils avaient su. Le deuil, l’absence. Une main qui caresse l’arrière d'un crâne, pour y retenir les souvenirs, le tourbillon des couleurs, la folie oubliée de ces deux âmes tremblantes. Les doigts s’effleurent à nouveau, mais les genoux s’évitent. Trop intime déjà.

Gâchis sublime.

Pour les autres lectures, je vous invite à vous rendre sur le site de l’événement : Cela t’inspire quoi ?

En souhaitant à ce projet de beaux jours et de nombreuses éditions ! Et pour la prochaine, je compte bien être auteur cette fois !

Jean-Côme

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