Art/Graphic Director, touche-à-tout passionné par la communication et de la création graphique sous toutes ses formes, je m'installe à Paris en 2009. Je travaille dans les univers de la beauté (cosmétique, parfumerie, bijouterie), mais pas que… Art/Graphic Director, je réalise pour des particuliers et des entreprises des identités visuelles, des éléments de communication, des photoshoot et du conseil avec leur déploiement à 360°. Parallèlement à ça, j'occupe mon temps entre la peinture, l'écriture et surtout la photographie.

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La cérémonie d'ouverture des jeux olympiques de Paris

Ce vendredi a eu lieu la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, et le moins que l’on puisse dire c’est que les références à la culture française étaient très nombreuses et parfois assez pointues. La direction artistique est magistrale.

La plupart des références sont évidentes : l’artisanat, la mode, le luxe, Aznavour, Claude François, Mylène Farmer, les Mignons, le Louvre, la Joconde… il y en a eu pour tout les goûts, avec 4 heures de spectacles rendant hommage à la culture populaire française.

Petit tour d’horizon :

Un Jamel Debouze qui se trompe et un Zinédine Zidane qui vient sauver la situation : c’est l’ouverture de la cérémonie.

Comme dans tout bon film Étasunien, Zizou se téléporte dans Paris dans une course effrénée, passant du stade de France à Saint-Denis, au cœur de Paris, puis au parc Clichy – Batignolles Martin Luther-King dans le 17e pour tourner au coin de la rue à la station de métro Porte Dauphine dans 16e arrondissement.

Il y croise moulte parisien·ne·s dans un style retro.

Référence : la vision fantasmée qu’on les étrangers de la France et de Paris.

La référence ici est le Paris des films et des séries étrangères. Le style coloré rappelle Emily In Paris, cette vision fantasmée de la capitale française.

Mais Zizou renverse les tables, le métro tombe en panne : on nous indique que ce n’est pas le Paris Hollywoodien que l’on va voir. La panne de métro ramène la visite à la réalité.

À la réalité ? Vraiment ? Les catacombes et les égouts de Paris sont parcouru par la Flamme. On y croise, entre autre, un crocodile.

Référence : les rumeurs sur les sous-sol de la capitale.

Des squelettes, des crocodiles… tout ceci est vrai ! C’est en 1984 qu’un crocodile est découvert dans les entrailles de la ville… récupérée par les pompiers de Paris, Eleonore est morte en 2020 après 38 ans à l’aquarium de Vannes. On passe du Paris fantasmé au Paris réel mais à la fois historique et fantas(ti)que. On nous annonce la couleur : on va découvrir Paris, la vraie, certes, mais l’inattendue et la magique.

Référence : Assassin’s Creed

La Flamme est transmise, et pour le reste de la cérémonie, elle sera transportée par une silhouette masquée, se promenant de toits et en toits.

La référence est fait aux jeux Assassin’s Creed, développés par une équipe francophone à Montréal, et dont l’épisode “Unity” se déroule à Paris. Les gamers du monde entier ont tout de suite eu cette référence ! Il se déplace en faisant du parcours, référence au film mythique des Yamakazi de 2001.

Référence : la vie rose, la France populaire

Du rose, encore du rose, toujours du rose ! Les références sont multiples ici.

C’est évidemment “la Vie en Rose” d’Edith Piaf, mais aussi le Stade Français, les peintres comme Dufy, Picasso ou encore Bazille. Dans la foule en rose, Paris est une fête, on trouve des croissants, des rugbymans, des gens en goguettes, mais aussi un rat et un pigeon ! C’est aussi ça Paris !

Puis c’est au tour de Lady Gaga d’arriver.

Référence : Zizi Jeanmaire & le Moulin Rouge

Lady Gaga reprend la chanson “Mon truc en plume” de Zizi Jeanmaire, un titre qui porte à lui seul tout un morceau de l’histoire musicale française. Ce sont les Revues de Paris, la France de l’après-guerre, les années 60, la musique populaire. Zizi fera une tournée triomphale en Grande Bretagne et aux U.S.A. avec sa Revue et son truc en plume. Petit anicroche : Zizi était une grande amie de Yves Saint-Laurent qui lui faisait ses costumes, dont celui en plumes. Mais pour la cérémonie des J.O., Lady Gaga a été habillé par la maison Dior, appartenant à LVMH, partenaire de l’événement… Yves doit se retourner dans sa tombe ! Quant aux pompons, ils proviennent du Lido, cabaret qu’on ne présente plus !

Référence : Cancan & les cabarets de Pigalle

Bon, celle-ci est évidente, mais il est bon de rappeler que le cancan (ici peint dans Le Café de Paris, de Jean Béraud) est une danse de couple prohibée par les autorités dans les années 1840. En 1850, Céleste Mogador, danseuse vedette du bal Mabille de Paris, s’empare du phénomène et la souplesse des danseuses de cancan des Bals font perdre la tête au Tout-Paris ! Rien que les noms de ses stars sont révélatrices du scandale :  La GoulueJane Avril, Nini Pattes en l’air, ou la Môme Fromage. Scandale scandale ! Ça sent le souffre tout ça !… et maintenant ? C’est du patrimoine revendiquée par toutes et tous. Le cancan c’est la liberté, la résistance, la libération des corps et des mœurs contre la pudibonderie des biens pensants de l’époque.

La danse traverse la Manche et les anglais l’appellent le French Cancan.

Les tableaux s’enchaînent.

Référence : l’artisanat et le savoir-faire Français

Ensuite c’est la France des bâtisseurs et de l’artisanat qui met mit en avant. Il ne s’agit pas de références puisque c’est clairement montré. La Monnaie de Paris, les ateliers Vuitton, la maroquinerie, la porcelaine, la parfumerie, l’architecture… c’est le savoir-faire Français qui est mit en scène. Pas besoin de vous le montrer ici.

Mais l’avez-vous reconnu ?

Référence : Quasimodo & Victor Hugo

Accroché au sommet de Notre Dame, le passage est rapide et certains l’ont confondu avec le porteur de la flamme. Mais c’est bien Quasimodo et sa bosse qui regarde la vie d’en-bas du haut des tours de Notre-Dame de Paris. Un personnage qu’on ne présente plus.

Puis vient une référence plus subtile.

Référence : Louis XIV & le ballet

Que d’or !

Ici, la danse et l’or font référence à Louis XIV, le plus brillant de nos rois. Lui-même dansait dans sa jeunesse couvert d’or ! Une vraie passion puisqu’il a fondé l’Académie Royale de Danse il y a 350 ans. Ce tableau regroupe 5 compagnies de ballet mais aussi le danseur étoile de l’Opéra de Paris Guillaume Diop. Le ballet est une invention française et ses mouvements sont enseignés en français dans le monde entier (plié, allongé, pas chassé, etc.)

Référence : Révolution Française

Évidemment, les références sont nombreuses et transparentes : Les Misérables de Victor Hugo, la Liberté guidant le Peuple d’Eugène Delacroix.

Puis la noblesse décapitée. Ce n’est pas Marie-Antoinette, contrairement à ce qu’on n’a pu entendre. Il s’agit d’une allégorie de la noblesse dans son ensemble, d’où sa présence à toutes les fenêtres de la Conciergerie. Celle-ci entonnant “Ah ! ça ira, ça ira, ça ira”, un chant révolutionnaire de 1790 revisité par un des plus grands groupes de death metal au monde, les français Gojira. Ce morceau sera repris sur Radio Londres par le Résistant Pierre Dac, renouvelant son symbolisme de révolte et de résistance face à l’oppression. Edith Piaf le chantera également dans le film de Sacha Guitry “Si Versailles m’était conté”. C’est donc un chant très important de l’histoire de France.

La façade de la Conciergerie qui déverse des rivières de sang rappelle l’époque de la Terreur et les nombreuses batailles qui ont animés la France et Paris, de la Saint Barthélémy à la Révolution Française. Ce bâtiment était une prison terrible, qui enferma Marie-Antoinette mais aussi Charlotte Corday. Et pour cause : cœur de la Terreur, c’est ici qu’était également le Tribunal Révolutionnaire. Une page sanglante de l’histoire de France mais essentielle.

Référence : Fluctuat nec mergitur

Le bateau sur lequel la mezzo chanteuse lyrique Marina Viotti chante Carmen (opéra Français) représente le blason de la ville de Paris et sa devise : il est battu par les flots et ne sombre pas. Révolution, occupation, attentats, Paris est toujours là, toujours debout.

Le chant de Carmen est “un oiseau rebelle”, une ode à l’amour dans un triangle amoureux (Don José amoureux de Carmen mais Carmen préférant le toréador Escamillo), annonce le tableau suivant.

Référence : Jules et Jim

Cette partie est un hommage à l’Amour, à travers la littérature, le théâtre et le cinéma Français.

Dans la bibliothèque de France, un triangle amoureux s’échange des livres qui parlent tous d’amour. Ils font directement référence au livre et film Jules et Jim. Comme le souligne une professeuse de littérature : 80% du théâtre classique repose sur des triangles amoureux. La seule chose moderne ici, est la revisite des identités : caucasien, afro-caribéen et eurasien (version politiquement correct pour dire blanc, noir et jaune), mais aussi femme, homme et androgyne. L’Amour est complexe, douloureux, multiple, épique, unique, commun, et c’est ça que représente ce tableau.

Ces silhouettes qui se balancent sont comme un cœur qui bat, un amour qui chavire, une raison qui vacille… de pont en pont on arrive au pont des Arts, le pont des amoureux et à la prestation d’Aya Nakamura, sortant de l’Institut de France, chantant avec la garde républicaine : tout un symbole.

Référence : grands inventeurs

Tout comme l’artisanat plus haut, pas de raison ici de s’appesantir sur le passage concernant les grandes inventions françaises, très clair (cinéma, montgolfière, la Statue de la Liberté, conquête spaciale…)

Pareil pour les Mignons qui sont le fruit d’un studio Français.

Référence : racine gallo-romaine

Remontant plus loin dans le temps, nos racines se pare de modernité dans se tableau. Et non, il ne s’agissait pas de la Cène (par contre, oui, la drag queen Nicky Doll était en Jeanne d’Arc, à vous de voir si vous y voyez la sainte ou le personnage historique…)

La scène n’est pas la Cène mais la Seine. En effet, tous ces personnages représentent le Festin des Dieux de Biljert (visible au musée Magnin de Dijon), avec une Barbara Butch (DJ féministe et activiste LGBTQ+ internationalement reconnue) en Apollon et Philipe Katrine en Dionysos grotesque. C’est donc une mise en scène des dieux de l’Olympe, pour les jeux Olympique. Cela coule de source. Source ? Revenons-en d’ailleurs à la Seine et sa source.

Ce tableau illustre la naissance mythique de la Seine : Sequana est une déesse gauloise du fleuve à qui elle donne son nom, longtemps vénérée par nos ancêtres. On disait que l’eau de la Seine était miraculeuse. Les romains, après la conquête de la Gaule, vantent également la pureté de l’eau de la Seine et ses vertus médicinales. Comme toujours, les romains incorporent les croyances locales aux leurs. Sequana devient alors une nymphe, fille de Dionysos, dieu de la fête, de l’alcool et des excès. La légende raconte que Sequana et ses sœurs aidèrent Cérès lorsqu’elle cherchait sa fille Perséphone, emportée aux Tartares par Hadès. Pour les remercier, la déesse offre aux nymphes le territoire de la Gaule. Se promenant dans leur domaine, Neptune les voit et les convoite. Elles fuient et elles appellent à leur secours leur père Bacchus/Dionysos et leur amie Cérès. Pour les sauver, elles furent changées en fleuves : Sequana prit la forme d’une rivière qui se teinta de la couleur de ses yeux d’émeraude nous dit-on. La Seine était née et avec elle l’Aube, l’Yonne, la Marne, l’Oise, l’Eure, symbolisant ainsi l’unité des nymphes gauloises.

C’est ça que symbolise ce passage de la cérémonie d’ouverture des jeux olympiques.

C’est d’ailleurs Sequana, qui remonte la Seine sur le cheval mécanique Nantais appelé Zeus, qui transporte avec elle l’esprit Olympique à la fin de la cérémonie.

Référence : Paris est une fête

Pour terminer, après les danses très codifiées et classiques (ballet, classique, traditionnelle, cancan…), le dernier tableau s’enflamme sur des danses modernes (break dance, voguing, contemporaine…) avec la participation remarquée des deux drag queen.

La référence est ici à la libération sexuelle avec l’apparition des Drag Queen dans les nuits parisiennes dès les années 50-60, popularisées par Michou. Elles sont les héritèrent en ligne direct des cabarets d’antan, eux-mêmes héritiers des traditions théâtrales où les hommes devaient s’habiller en femme, ces dernières étaient interdites de scène. D’ailleurs, une des sources possibles du mot Drag viendrait de Shakespeare qui écrivait dans ses pièces, l’indication : “DRessed like A Girl”.

Les drags sont donc les héritières d’une très très longue tradition, ayant le même rôle social que les danseuses de cancan d’alors.

 

Il y a énormément de références, trop pour être toutes dites. Mais voilà un petit tour d’horizon !

 

Jean-Côme

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