Art/Graphic Director, touche-à-tout passionné par la communication et de la création graphique sous toutes ses formes, je m'installe à Paris en 2009. Je travaille dans les univers de la beauté (cosmétique, parfumerie, bijouterie), mais pas que… Art/Graphic Director, je réalise pour des particuliers et des entreprises des identités visuelles, des éléments de communication, des photoshoot et du conseil avec leur déploiement à 360°. Parallèlement à ça, j'occupe mon temps entre la peinture, l'écriture et surtout la photographie.

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La Tendresse - review

Il y a des pièces qui vous marquent profondément et celle-ci en fait parti. Elle vient se placer juste derrière The Normal Heat, de Larry Kramer dans cette très courte liste, que ce soit dans la force de ses textes, la prestation de sa distribution et la portée de son thème. La Tendresse est une œuvre qui remue, interroge et ne laisse pas indifférent.
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©Axelle de Russé

Le sujet : la fabrique du masculin

En 2025, qui n’a pas entendu dire que les Hommes étaient perdus, dans une société qui cherche à les déconstruire envers et contre tout ? Mais la pièce, écrite par Kevin KeissJulie Berès, Lisa Guez avec la collaboration d’Alice Zeniter, s’interroge : si la société cherche à les construire, comment sont-ils construits ?

La pièce, dans une mise en scène brutaliste, met à nu 7 hommes et 1 femme qui révèlent leurs constructions, dans, contre, envers, en creux et en reliefs de la société qui les a vus naître.

Car la question se pose : comment être un mec, un vrai, un bonhomme, un être viril, comme on nous a appris à l’être, mais à être sensible, ouvert, communiquant et fragile comme on voudrait l’être ? La société pousse les hommes à s’écouter, à se remettre en question, à écouter leur voix intérieure. Mais n’est-ce pas plus difficile qu’il n’y paraît ?

Des personnages, des corps et des histoires

Ils sont 8 sur scène. Chacun à sa parole, sa contradiction, son histoire. L’un rêvait d’être danseur étoile, l’autre voulait seulement jouer au foot avec son père. L’un a peur de corps des femmes, l’autres désire le corps des hommes. L’un se veut séducteur, l’autre se veut être séduit. Chacun révèle sa vérité, sans fard, avec timidité et passion, avec violence et fragilité.

C’est presque deux heures de hurlements, de cris, de danses, de phrases qui se fracassent sur les rivages de notre cerveau spectateur, érodé par des mal-être à nu. On réfléchit, on retrouve son histoire parmi les leurs et parfois on rigole dans une pause bienvenue. Car si on retient son souffle devant ces confidences et ces confrontations, le spectacle n’est pas en lourdeur pour autant.

Bboy Junior (Junior Bosila), Natan Bouzy, Charmine Fariborzi, Alexandre Liberati, Tigran Mekhitarian, Djamil Mohamed, Romain Scheiner et Mohamed Seddiki donnent tout sur le plateau. La mise en scène de Julie Berès est virtuose dans ses jeux de lumières et son occupation de l’espace. En tant que photographe, j’ai eu l’envie à plusieurs reprises d’aller photographier des scènes, de capturer l’instant de cette direction artistique presque picturale par moment.

 

Mon avis

La pièce est importante à plusieurs points de vue. Les hommes peuvent entre sur scène ce qu’ils n’ont jamais osé dire à haute voix, se sentir libérer de ce poids. Les femmes peuvent avoir des clefs de compréhension sur la construction des hommes qui les entourent (père, frère, mari, collègue…). Les uns comme les autres peuvent prendre conscience de pleins de choses dont iels n’avaient pas idée, sur lesquelles iels n’arrivaient pas à poser des mots ou encore apercevoir une piste de réflexion.

Seul bémol : le rôle de la religion dans cette construction de la masculinité est quasiment absent. Sujet probablement trop sensible, c’est compréhensible, mais dommage. Ça laisse l’étrange impression qu’il manque quelque chose, une information importante, une composante essentielle de cette identité. Que ce soit dans les trois grandes religions monothéistes ou les autres religions majoritaires du globe, celles-ci ont le point commun de clairement définir des rôles pour les hommes et les femmes. Si l’athéisme remet en cause ces constructions, elles restent un carcan important de la société dans laquelle on naît.

Mais la pièce dure déjà 1 h 45… combien de temps faudrait-il pour creuser la question sous tous ses angles en profondeur ? La pièce est déjà assez dense comme ça.

Bref, foncez voir cette pièce !

 

Les infos :

Conception et mise en scène Julie Berès
Écriture et dramaturgie Kevin KeissJulie Berès, Lisa Guez avec la collaboration d’Alice Zeniter
Avec Bboy Junior, Natan Bouzy, Alexandre Liberati, Djamil Mohamed, Sacha Négrevergne, Romain Scheiner, Mohamed Seddiki
En alternance avec Marin Delavaud du Ballet de l’Opéra national du Rhin, Léopold Faurisson, Bel Abbes Fezazi, Saïd Ghanem, Guillaume Jacquemont, Tigran Mekhitarian, Mathis Roche
Chorégraphie Jessica Noita
Référentes artistiques Alice Gozlan et Béatrice Chéramy
Création lumière Kélig Le Bars assistée par Mathilde Domarle
Création son et musique Colombine Jacquemont
Assistant à la composition Martin Leterme
Scénographie Goury
Création costumes Caroline Tavernier et Marjolaine Mansot

Aux bouffes parisiens

 

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Jean-Côme

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